13 Juillet 2016
On quitte ce qui semble être un petit coin de Méditerranée niché au coeur des montagnes. On tire au sud, le nom de Yosemite résonne. Deux haltes nous attendent sur le chemin : la ville fantôme de Bodie et le Mono Lake.
Jules Petit Reporter
Pause déjeuner au bord d'une rivière tumultueuse
Pause pour profiter du point de vue sur le Carson Iceberg Wilderness
L'ambiance change rapidement : la végétation se ratatine, la roche devient omniprésente et la poussière nous colle au train. On a laissé le bitume derrière nous et une piste très roulante déroule ses boucles jusqu'à Bodie.
La ville-fantôme de Bodie
Nous reprenons la route et l'après-midi tire à sa fin quand nos yeux captent le scintillement des eaux du lac Mono.
Une concrétion autrefois immergée
En mode diary :
L'intérêt de cette visite est, pour nous voyageurs issus du vieux continent, de parvenir à se décrotter de notre vision européenne. La valorisation d'une boite de conserve de 1930 ne peut que faire naître un sourire sur le visage des européens que nous sommes. Mais les Etats-Unis sont un pays non seulement jeune mais au territoire immense. L'unité de cette fougueuse nation n'a pas encore eu le temps d'imprégner l'espace si vaste ni le coeur des hommes. Il faut la construire. Et Bodie participe à l'élaboration de cette unité. La présence constante de la banière étoilée nous rappelle que l'Etat se construit chaque jour, en chaque lieu. L'Etat est, semble nous dire toute cette iconographie présente en tout lieu, même les plus improbables.
Les infos - Bodie
Ville minière de la fin du XIXème, Bodie est sur le flanc oriental de la Sierra Nevada, à 2550 mètres d'altitude. Il y fait chaud à crever. L'air est sec, le ciel flamboyant.
Le State Historic Park créé en 1962 a figé cette ville désertée aux alentours des années 1930/1940. Tout est "en l'état".
Le parc est ouvert du 15 avril au 31 octobre.
Les horaires : 9am-6pm
Les tarifs : $8 par adulte, $5 pour les moins de 16 ans
Les infos - Mono Lake
Ancien lac salé, le Mono Lake est une oasis dans la zone de transition entre l'est de la Sierra Nevada et le désert du Great Basin. Sa composition chimique singulière a généré la création de concrétions calcaires sous-marines, les tufas. Le mariage entre des résurgences à la forte teneur en calcium avec les eaux carbonées du lac a donné naissance à ces concrétions. Autrefois immergées, l'emprise de l'homme sur ces zones naturelles les a sorties de l'eau. Habitat de millions d'oiseaux migrateurs, le lac est un écosystème original. Aucun poisson ne vit dans ses eaux salées mais il héberge des artémies, sortes de crevettes et des mouches (alkali flies), nourriture principale des oiseaux.
Niveau du lac depuis 1941
Les eaux du bassin de Mono ont été captées dans les années 1940 pour alimenter les besoins gigantesques de la ville de Los Angeles, située à 350 miles au sud. En quelques années, le volume du lac est réduit de moitié et sa salinité double. De plus, des ilots accueillants des populations d'oiseaux ne sont plus isolés par l'eau. Ils se retrouvent raccordés à la terre ferme, permettant à des prédateurs mammifères et reptiliens de s'attaquer aux oiseaux. Tout l'écosystème est profondément bouleversé et ne peut s'adapter sur une période si courte.
Depuis 1978, un Comité de protection oeuvre pour la sauvegarde du bassin.
Altitude | Surface du lac | Fond du lac hors de l'eau | Salinité | Période |
1955 mètres | 138 km2 | 0 km2 | 48 g/l | 1941, avant la captation |
1942 mètres | 95 km2 | 70 km2 | 97 g/l | 1982, le record le plus bas |
1944 mètres | 106 km2 | 51 km2 | 88 g/l | 1988, 1995, 2015 |
1948 mètres | 122 km2 | 25 km2 | 69 g/l | prochain niveau de stabilisation |